Quand nous passerions sur la route, la nuit... Je me souviens de tout ces trajets nocturnes, au sein d'une voiture. Il y a des moments où on ne devrait vivre que pour ça, l'immense solitude au cœur de la nuit en mouvement. Et son silence...

Je faisais exprès de ne pas rouler trop vite, pour que dure la route infinie, pour que le moteur ne trouble pas le silence, pour être le plus possible dans cette bulle qui me transportait dans le noir.
La nuit rouler comme si j'avais dû faire ça le reste de ma vie, sans empressement d'arriver ni regrêt d'être parti. Je laissais la radio éteinte, ou parfois je glissais une vieille cassette dans l'autoradio. Parfois je mettais des musiques très douces, comme du blues très dépouillé et très lent, peut-être y avait-il seulement une guitare électrique dont jouait un vieux type qui n'avait fait que ça toute sa vie, chanter la mélancolie humaine.
Et le temps file sous les phares, partout ailleurs c'est le noir. Il est arrivé que la lune m'accompagne. Il est arrivé que je pense que dans les rares véhicules croisés d'autres types vivent la même chose – ça ne changeait rien pour moi.